Il y a encore quelques années, Yusi Enríquez Lekhedim se contentait de regarder les matchs de football à la télévision, comme des millions d’enfants à travers le monde. Aujourd’hui, ce même garçon de Madrid foule les pelouses de Liga sous le maillot d’Alavés, symbole d’un parcours façonné par la passion, les sacrifices et un profond attachement familial.
Né en 2005 dans la capitale espagnole, Yusi a grandi avec un ballon dans les pieds. Très tôt, il passait ses journées à jouer dans les parcs et les terrains de quartier, utilisant des pulls comme cages et rêvant d’atteindre un jour l’élite. Ce rêve s’est concrétisé le 16 août dernier, lorsqu’il a disputé ses premières minutes en première division espagnole face à Levante, dans une rencontre remportée 2-1. « C’était un moment unique, d’autant plus fort que ma famille était là pour le vivre avec moi », confiait-il après ses débuts.
Depuis cette soirée inoubliable, le jeune latéral s’est progressivement imposé dans l’effectif d’Alavés. Aligné plusieurs fois d’entrée, il gagne en expérience et en confiance à chaque apparition. À seulement 20 ans, il est désormais le plus jeune élément de l’équipe première et incarne l’avenir du club basque.
Mais derrière ce succès se cache une histoire de persévérance et de sacrifices. Fils d’immigrés marocains, Yusi n’a jamais oublié les efforts consentis par ses parents, en particulier par sa mère, qui l’accompagnait des heures durant en transport en commun pour lui permettre d’assister aux entraînements. « Je lui dois tout, et je ne cesserai jamais de la remercier », confie-t-il avec émotion.
Ce lien indéfectible avec ses racines a d’ailleurs pesé lourd dans l’un des choix les plus importants de sa jeune carrière : représenter le Maroc sur la scène internationale. « Porter le maillot du Maroc, c’est ma façon de rendre hommage à ma famille et de remercier ma mère pour tout ce qu’elle a fait », explique-t-il.
Après des passages formateurs au Rayo Vallecano, à Moratalaz, à Getafe et surtout à l’académie du Real Madrid, Yusi a pris la direction de Vitoria pour franchir un nouveau cap. Quitter Madrid n’a pas été facile, mais une rencontre décisive avec Sergio Fernández, directeur sportif d’Alavés, a fini de le convaincre. Depuis, il s’efforce de rendre la confiance placée en lui, sur le terrain comme en dehors.
Avant chaque match, il embrasse un pendentif offert par sa grand-mère, portant une inscription en arabe. Un geste symbolique qui lui rappelle d’où il vient et pourquoi il se bat. « Je donnerai tout pour ce blason », affirme-t-il, déterminé à écrire l’un des plus beaux chapitres de sa carrière sous les couleurs d’Alavés… et un jour, celles des Lions de l’Atlas.