À quelques heures du troisième match de la phase de groupes face à la Zambie, Hoalid Regragui a replacé la CAN 2025 dans sa réalité : celle d’un tournoi où le statut de pays hôte ne donne aucun raccourci. En conférence de presse, le sélectionneur des Lions de l’Atlas a rappelé que la compétition se jouait dans des conditions optimales pour toutes les sélections, ce qui rend la différence encore plus fine. Il a ainsi insisté sur un point : au-delà des pelouses, des hôtels et de l’organisation, « ça va être la CAN la plus difficile à gagner » et le Maroc doit s’appuyer sur ce qui ne se partage pas : son public.
Dans cette logique, Regragui a répété son message aux tribunes : l’équipe a besoin d’un stade qui pousse, pas d’un stade qui s’impatiente. L’ancien coach du Wydad estime que le seul véritable avantage du Maroc réside dans l’énergie populaire, et il a demandé que les enceintes deviennent un levier constant, même lorsque le match n’avance pas au rythme espéré. Il a notamment expliqué que gagner “dès la mi-temps” n’est pas un standard réaliste dans une CAN, soulignant qu’un match se joue sur 90 minutes et que l’essentiel, dans ce type de compétition, est d’avancer et de “donner des signes de certitude”.
Le discours du sélectionneur s’inscrit aussi dans un contexte où les attentes sont au maximum. Le Maroc a lancé “sa” CAN par une victoire contre les Comores (2-0), avant d’être accroché par le Mali (1-1), un résultat qui a nourri des débats sur le contenu et sur la capacité des Lions à tuer plus vite leurs matchs. Regragui, lui, assume la pression (“il y a beaucoup d’attentes autour de nous”) et refuse de faire de la crispation une fatalité : il évoque des axes de progression offensifs, estime que son équipe a “des solutions” face aux blocs regroupés, et rappelle que la patience fait partie du chemin.
C’est précisément sur cette relation équipe-public qu’Achraf Hakimi a voulu intervenir, en se présentant en porte-parole du vestiaire. Le capitaine marocain a dit attendre une “union sacrée” autour du groupe et a insisté sur le besoin d’embarquer tout le monde, tribunes comme médias, dans la même direction. « On a besoin de tout le monde, des supporters et des journalistes », a-t-il déclaré, en faisant comprendre que les réactions entendues lors des deux premières sorties (sifflets à certains moments) ne peuvent pas devenir un bruit de fond si le Maroc veut aller au bout à domicile.
Sur le plan personnel, Hakimi a également détaillé sa montée en puissance après sa blessure à la cheville. Il a expliqué avoir suivi un programme avec le staff, ne pas s’être senti à 100% lors du dernier match, mais se sentir désormais mieux et prêt à aider, que ce soit sur le terrain ou depuis le banc. Le message est cohérent avec la ligne du sélectionneur : gérer, construire, et viser l’objectif final, soulever le trophée, avec une logique de progression et de maîtrise émotionnelle.
En filigrane, l’appel de Regragui et de Hakimi va au-delà d’un simple slogan : il s’agit de transformer l’exigence marocaine en énergie positive. Le sélectionneur veut “le feu” dans les tribunes, Hakimi veut une équipe portée et non freinée par la nervosité ambiante. À Rabat, face à la Zambie, le Maroc joue à la fois la première place et un élément intangible mais déterminant : la capacité de tout un stade à rester derrière les Lions, du premier au dernier ballon.

