L’expansion et le nouveau format de la Coupe du Monde de la FIFA 2026 engendrent un défi majeur et immédiat pour plusieurs sélections nationales positionnées dans les Pots 1 et 2. Notre équipe nationale marocaine, classée au 11e rang mondial, figure parmi les équipes directement impactées par cette évolution. Certes, le fait d’appartenir aux deux premiers chapeaux reste un avantage important, car il permet d’éviter d’affronter deux têtes de série lors de la phase de groupes, mais la nouvelle programmation les prive néanmoins d’un autre atout stratégique significatif.
Les Lions de l’Atlas ont travaillé ardemment depuis 2022 pour se hisser dans l’élite du classement FIFA, un effort qui était censé leur garantir un avantage stratégique lors de la phase de groupes. Cependant, au lieu de bénéficier de cet avantage historique en affrontant, comme le veut la tradition, les équipes des pots 3 et 4 en premier et garder le plus dur pour la fin, le Maroc (Pot 2) est programmé pour croiser le fer avec le Brésil (Pot 1) dès la première journée du Groupe C.
Ce changement impacte le Maroc, demi-finaliste de la dernière èdition du Mondial, tout comme le Brésil, quintuple vainqueur du sacre. Contrairement à la tradition qui permettait aux têtes de série (Pots 1 et 2) d’affronter les équipes de Pot 4 puis Pot 3 dans leurs deux premiers matchs, la FIFA a choisi de programmer le choc entre le Maroc (Pot 2) et le Brésil (Pot 1) dès la première journée du Groupe C. Cette décision bouleverse les stratégies habituelles. Pour les « Lions de l’Atlas », cela signifie que leur sort dans le groupe pourrait se jouer dès le coup d’envoi, les obligeant à viser une victoire ou un match nul positif pour ne pas se retrouver immédiatement sous pression.
Les conséquences sportives de cet ordre de matches sont considérables, notamment en termes de gestion de l’effectif. Auparavant, les grandes nations pouvaient capitaliser sur six points rapides, assurant leur qualification avant leur confrontation directe en troisième match, ce qui autorisait les sélectionneurs à faire tourner leurs joueurs clés. Désormais, une défaite pour le Maroc ou le Brésil dans cette entrée en matière historique leur imposerait de jouer les deux matches suivants (contre l’Écosse et Haïti) avec l’équipe-type. Une telle obligation d’aligner les titulaires sur trois rencontres consécutives en début de tournoi entraînera une fatigue précoce, potentiellement préjudiciable pour les phases à élimination directe, surtout avec un format étendu.
Le défaut majeur de cette nouvelle programmation réside dans la perte de deux options stratégiques précieuses. Premièrement, il devient mathématiquement quasi impossible pour les deux équipes de s’assurer la qualification et la première place avant la dernière journée. Ainsi, elles seront obligées de mobiliser leurs meilleurs éléments pour les trois rencontres afin de garantir la meilleure position possible (première ou deuxième), car seules les huit meilleurs troisièmes accèdent aux 1/16 de finale, annulant la possibilité de faire tourner l’effectif lors du dernier match. Deuxièmement, cette obligation de jouer trois matchs à haute intensité sans relâche augmente considérablement le risque de perdre des joueurs clés pour le second tour, soit par cumul de cartons (suspension), soit par blessure, comme cela a pu être le cas dans les tournois précédents. Cette absence de marge de manœuvre, qui était l’atout principal des favoris, signifie que les stars comme Hakimi ou Vinícius Júnior devront maintenir une intensité maximale sur toute la phase de groupe, ce qui est une source de grande inquiétude, augmentant le risque de blessure ou de fatigue avant la phase à élimination directe.
Cette problématique ne concerne pas uniquement le Groupe C. D’autres groupes sont également affectés par ce choix logistique et commercial de la FIFA d’offrir des affiches fortes d’entrée. Parmi les exemples les plus notables, on retrouve le Groupe I, où la France (Pot 1), finaliste sortante, est programmée pour affronter d’emblée le Sénégal (Pot 2), l’une des meilleures équipes africaines. De même, le Groupe L voit l’Angleterre (Pot 1) rencontrer la Croatie (Pot 2), un remake de la demi-finale de 2018, sans oublier le duel du groupe F opposant les Pays-Bas (Pot 1) au Japan (Pot 2). Ces chocs précoces garantissent un maximum d’audience dès la première semaine, mais enlèvent aux favoris la possibilité de monter en puissance graduellement.
Pour le public marocain, bien que la confrontation immédiate avec le Brésil soit un énorme défi, elle doit aussi être perçue comme une « opportunité en or ». À l’image des Lionceaux U20, sacré champion du monde en 2025 après un début en chapeau de roues contre l’Espagne et le Brésil, une victoire lors de ce match d’ouverture offrirait un élan psychologique retentissant à leurs ainés « Lions de l’Atlas » et les placerait en position dominante dans le groupe. Ce nouveau calendrier impose au coach Hoalid Regragui et à son staff d’être prêts pour une véritable « finale anticipée », avec l’espoir que la force de caractère qui a fait la réussite du Maroc en 2022 saura une fois de plus faire la différence.

